Manicomio di R
Date de visite : Mai 2014 et Décembre 2015
L’histoire des établissements psychiatriques en Italie a été tumultueuse et sujette à de nombreuses polémiques avant que ceux-ci ne ferment tous à l'aube des années 80. On comprend mieux pourquoi en pénétrant les lieux de cet asile désaffecté encore doté de nombreux matériels de soins.
L'imposant complexe trône en plein centre d’une petite ville transalpine. De l’extérieur rien ne transparait des activités qui ont pu s’y dérouler. L’accès, moyennant quelques contorsions, se fait par les soubassements et mène à une pièce donnant sur une cour. Le bâtiment qui a fait l’objet de la visite est énorme mais fragilisé. De nombreux étais ont été placés au rez-de-chaussée et aux étages la structure a été renforcée par des tiges d’acier encrées dans les murs de soutiens.
Le rez-de-chaussée est composé de deux cours intérieures entourées chacune de galeries dotées de bancs ; au centre on trouve un jardin arboré. Le péristyle distribue des pièces dont l’affection originelle n’est pas aisée. Je n’ai pu identifier ni les cuisines ni le réfectoire. J’ai trouvé en revanche une salle dotée de sièges visiblement destinée aux spectacles et une salle d’eau. Le dédale de couloirs laisse imaginer ce que pouvait être le quotidien des pensionnaires alternants promenades et enfermement. Au cœur du bâtiment, un vaste hall d’accueil se veut afficher un caractère solennel et bienveillant avec son confessionnal.
L’accès à l’étage supérieur se fait depuis un bel escalier et mène à ce qui devait être le département de cure. La traversée de ce qui se dit être une salle d'opération neuro chirurgical glace le sang. On y trouve des instruments d'un autre âge et quelques ossements épars dont on ne peut s'empêcher de s'interroger sur l'origine. Cette salle distribue d'autres pièces elles aussi comportant d'étranges machines. Un peu plus avant on trouve un cabinet dentaire. Non loin se trouvent les locaux des médecins où on reconnait une salle d’archive et des bureaux probablement dévolus aux praticiens. Ce qui frappe dans ce lieu c'est l'état de conservation relatif du bâtiment et de son équipement, il semble en effet que seule l'altération du temps des 30 années d'abandon n'ait altéré les lieux ; aucune trace de dégradation humaine. J'ai rarement visité un site désaffecté depuis si longtemps qui ai été autant respecté par les visiteurs, pourtant ils sont nombreux.
Les étages supérieurs sont dotés d’une une chapelle aux dimensions imposantes, les mansardes abritent des cellules ou logeaient probablement les patients, il y subsiste de nombreux vestiges de leur occupation passée. L’omniprésence de barreaux aux fenêtres et de doubles balustrades d’escalier ne laisse planer aucun doute sur la nature quasi pénitencière du lieu.
C’est pour ma part le spot qui m'a le plus inspiré photographiquement et celui qui m'a le plus parlé en tant que visiteur. J'ai d'ailleurs réalisé deux visites, en mai puis en décembre. Ce sont deux visions bien différentes du bâtiment qui se sont offertes à moi. L’hiver offre une vision du bâtiment dépouillée de cette végétation qui au printemps envahit littéralement les allées du péristyle. On peut ainsi capturer depuis le cloitre l’éveil du bâtiment encore baigné de la torpeur de la brume matinale.